
Regain au pays de Giono
J’entends le chant du monde
entonné dans une seule image
Un de tout près d’ici
nous montre le bonheur fou
au détour des grands chemins
Car les âmes fortes reconnaîtront
le juste poids du ciel
en dehors du grand troupeau
A l’homme qui plante les graines
des vraies richesses
A Gilles le bleu
que toujours ta joie demeure
Si deux cavaliers sous l’orage
Bataillent dans la montagne
C’est la naissance d’une Odyssée
Les récits de cette demi-brigade
Sont déjà un fragment de paradis

Il n’est pas seul celui qui peut toucher une bête ou un arbre, ou s’approcher avec ses yeux du brouillard bleu ou du soleil ;celui qui peut être fontaine ou ruisseau à la fantaisie du bruit de l’eau et qui peut couler comme elle avec le reflet de tous les ciels. Il n’est pas seul celui qui a goût au jour.Le bout de la route

Je sais très bien faire le feu.Il parait que c’est l’apanage des amoureux et des poètes.Je pris mon repas bien au chaud en le faisant traîner.Je ne suis pas de ces hommes seuls qui se dépêchent.Mon état m’a toujours plu.Il n’y a jamais eu aucune raison que je me hâte.Mes plus grandes joies, je les ai toutes eues dans ces lenteurs. Le moulin de Pologne

C’était des bêtes de bonne santé et de bon sentiment, ça marchait encore sans boiter. La grosse tête épaisse, aux yeux morts, était pleine encore des images et des odeurs de la montagne.Le grand troupeau

regarde la nuit,c’est plein d’étoiles qu’on sème tout juste.Qui c’est qui les sème?Qui c’est qui en a un sac tout plein?C’est des poignées et des poignées qu’on jette;on dirait du riz,regarde. Le serpent d’étoile

Il faudrait que la joie soit paisible. Il faudrait que la joie soit une chose habituelle et tout à fait paisible et tranquille, et non pas batailleuse et passionnée.Que ma joie demeure

Les joies du monde sont notre seule nourriture. La dernière petite goutte nous fait encore vivre. Que ma joie demeure

A deux pas d’icij’entends ces bruitsles feuilles chuchotentet se retournent sur vos pasles chevaux soufflenten allongeant le pasles arbres respirentgéants sans faux pasle soleil qui pirouettea déjà fait les cent mille pasles oiseaux ne se taisent plusla paix a pris le pasles yeux grands ouvertsj’écoute à grands passur le bord du cheminpresque à franchir le pasj’y suisil n’y a qu’un pas(dixit Emmanuelle)
Si je chemine d’un bon pasc’est pour acheminer les autresderrière les unsde ceux qui explorentde vie à trépasle chemin qui n’en finit pas.

Toutes les erreurs de l’homme viennent de ce qu’il s’imagine marcher sur une chose inerte alors que ses pas s’impriment dans de la chair pleine.Colline

Mais, quand je fais le compte de tout ce qu’ il a fallu de constance dans la grandeur d’âme et l’ acharnement dans la générosité pour obtenir ce résultat, je suis pris d’ un immense respect pour ce vieux paysan sans culture qui a su mener à bien cette œuvre digne de Dieu . L’homme qui plantait des arbres

Subitement il fit très froid. Antonio sentit que sa lèvre gelait. Il renifla. Le vent sonna plus profond; sa voix s’abaissait puis montait. Des arbres parlèrent; au-dessus des arbres le vent passa en ronflant sourdement. Il y avait des moments de grand silence, puis les chênes parlaient, puis les saules, puis les aulnes; les peupliers sifflaient de gauche et de droite comme des queues de chevaux, puis tout d’un coup ils se taisaient tous. Alors, la nuit gémissait tout doucement au fond du silence. Il faisait un froid serré. Sur tout le pourtour des montagnes, le ciel se déchira. Le dôme de nuit monta en haut du ciel avec trois étoiles grosses comme des yeux de chat et toutes clignotantes. Le chant du monde.

Il voyait le plateau, et le ciel couché sur tout et loin, là-bas loin à travers les arbres, la respiration bleue des vallées profondes, et loin autour il imaginait le monde rouant comme un paon, avec ses mers, ses rivières, ses fleuves et ses montagnes.Que ma joie demeure

Enfin, il y eut un coup de tonnerre magnifique, c’est-à-dire avec une belle déchirure rouge et tellement retentissant que les oreilles s’en trouvèrent toutes débouchées. Le ciel s’ouvrit. De chaque côté de la fente des châteaux vertigineux de nuages s’étagèrent et le ciel apparut azuré à souhait. À mesure que les châteaux de nuages s’éloignaient l’un de l’autre découvrant de plus en plus du ciel, l’azur vira au bleu de gentiane et tout un ostensoir de rayons de soleil se mit à rouer à la pointe extrême des nuées. Le hussard sur le toit.

Il y avait ici un plus grand silence que dans le bois d’autour. Cela venait des cyprès. Ils buvaient tous les bruits épars comme les grosses éponges et ils ne laissaient couler de leurs feuillages qu’un grondement uniforme et monotone qui était comme le cœur profond du silence.Le chant du monde

C’est de nous que doit venir le remède. Ces racines, ces graines de cyprès, toutes ces peinturlures, ça ne sert à rien, c’est moi qui te le dis. Le remède ? C’est dans nos bras et dans notre tête, qu’il est. Dans nos bras, surtout. Les collines, ça se mène comme les chevaux, dur. Tu comprends bien que je les connais ; je n’ai pas chassé sur elles pendant trente ans sans avoir appris leurs façons de faire. Ça va nous tomber sur le poil d’un coin que nous ne surveillons pas et, tout de suite, il faudra présenter la poitrine et faire marcher les bras. Qui gagnera ? Nous. Pas l’ombre d’un doute. C’est un mauvais moment à passer, mais je jouerais qu’on gagnera. Ça c’est toujours vu comme ça. Seulement, pour gagner faut pas bâiller aux santons. Colline

Aubignane est collé contre le tranchant du plateau comme un petit nid de guêpes ; et c’est vrai, c’est là qu’ils ne sont plus que trois. Sous le village la pente coule, sans herbes. Presque en bas, il y a un peu de terre molle et le poil raide d’une pauvre oseraie. Dessous, c’est un vallon étroit et un peu d’eau. C’est donc des maisons qu’on a bâties là, juste au bord, comme en équilibre, puis, au moment où ça a commencé à glisser sur la pente, on a planté au milieu du village le pieu du clocher et c’est resté tout accroché.Regain


D’abord, ce fut comme un grand morceau de pays forestier arraché tout vivant, avec la terre, toute la chevelure des racines de sapins, les mousses, l’odeur des écorces ; une longue source blanche s’en égouttait au passage comme une queue de comète. Ça vient sur moi, ça me couvre de couleur, de fleurance et de bruits et ça fond dans la nuit sur ma droite.Un de Baumugnes

Faut pas croire que la plante ça raisonne pas.ça se dit : bon, on va se renforcer, et, petit à petit, ça se durcit la tige et ça tient debout à la fin, malgré les orages.ça s’est mis au pas. Regain

C’était agréable de regarder le temps, se dire « non, pas encore aujourd’hui » et puis, savoir qu’on n’est pas pressé et que tous les moments de la vie sont bons à vivre, même ceux pendant lesquels on n’a rien et qu’on attend d’avoir, même quand on a quelque chose à faire et que c’est pressé. Pourqoui pressé ? Que ma joie demeure

Restons un moment sans parler les uns et les autres, dit le premier bouvier. Ça nous éclairera. Après nous nous expliquerons.Le chant du monde

cet apaisement qui nous vient dans l’amitié d’une montagne, cet appêtit pour les forêts, cette ivresse qui nous balance, parce que nous avons senti l’odeur des bardanes humides, des champignons, des écorces …Solitude de la pitié

Depuis elle a poussé sa tête rouge à travers les bois et les landes, son ventre de flammes suit; sa queue, derrière elle, bat les braises et les cendres. Elle rampe, elle saute, elle avance. Un coup de griffe à droite, un à gauche; ici elle éventre une chênaie; là elle dévore d’un seul claquement de gueule vingt chênes blancs et trois pompons de pins;>br>le dard de sa langue tâte le vent pour prendre la direction. On dirait qu’elle sait où elle va.Colline
Cette vadrouille autour de la montagne de Lure, le pays de Giono,
nous a été soufflée par Olivier (les cavaliers de Saint Geniez) et Isabelle (la ribière à St Vincent s/Jabron) a très gentiment contacté tous les giteurs .
Accompagnés de Garou et Névé, nous avons Dominique et moi, cheminé une semaine en Octobre 2015 autour de la montagne de Lure :
1er jour : départ de pré-Giraud Chez Marie-Christine et Alexis à Signonce, direction Fontienne, et arrêt chez Christine au Rochers d’Ongle (Gite les Granges)
2ème jour : Banon, le Redortiers ,le Contadour et arrêt au gite « les traits », chez Hélène
3ème jour : le jas des terres du roux, le pas de Redortiers (1214 m), le sommet de Larran (1379 m), le col de la roche (1314 m) puis descente sur la vallée du Jabron : Lange, les Curels , St Vincent (la Ribière, chez Isabelle)
4ème jour : la chapelle St Claude, les ruines du Vieux Noyers, Noyers S/Jabron, le pas des portes (1080 m), le jas de Madame et arrêt au Jas des Bailles chez Nadine .
5ème jour : le pas de Jean Ricaud (1441 m), la crête de Lure, Cairn 2000 , redescente sur Cruis et arrivée à pré Giraud
